Page:Cros - Le Collier de griffes, 1908.djvu/107

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— Oui, l’oubli ! tu dis vrai. Le jour
Finit rose pour mon retour ;
Je te dois cette nuit d’amour.

— La nuit d’amour est toute prête ;
Nous avons du vin pour la fête
Et la folie est dans ma tête.

— Ta chambre est chaude comme avant
Et l’on entend le bruit du vent
Qui nous endormait en rêvant.

— Tu me parais encor plus belle ;
Plus fièrement ta chair rebelle
Gonfle ton corsage en dentelle.

— Tu deviens pâle, mon ami !
Viens dans le lit ; noyons parmi
Nos baisers ton cœur endormi.

— Mais j’ai perdu mon cœur en route ;
Mon sang est tombé goutte à goutte
Et ma chair triste s’est dissoute.

— Hélas ! à chaque vêtement
Que tu quittes, mon doux amant,
Je vois tes os gris seulement.