Page:Cros - Le Collier de griffes, 1908.djvu/200

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vos registres. J’étais nerveuse (pourtant vous m’êtes bien indifférent !) et j ai tout cassé, tout brûlé.

J’ai même découvert le mystère du scapulaire que vous m’aviez laissé. Vos thermomètres, vos hygromètres (c’est le mot, je crois), autant de mouchards, sont en miettes.

Et puis, quels renseignements auriez-vous eus d’après moi sur l’amour ? Vous m’avez toujours ennuyée au possible… Votre ami Jules m’avait amusée et peut-être émue, avec ses audaces bohémiennes. Vous, jamais…

Il faisait trop triste dans vos boudoirs à trucs.

Adieu, mon petit savant. Je vais me dégourdir sur les planches, à l’étranger. Un grand seigneur russe, moins sérieux et plus sensible que vous, m ’emporte dans sa malle.

VIRGINIE.

Tous mes espoirs de gloire anéantis, six cent mille francs (les trois quarts de ma fortune) dépensés en pure perte, la science retardée, en cette question, de plusieurs siècles : tel est le tableau qui me passa devant l’esprit à la lecture de cette lettre. N’en voulant rien croire, je parcourus la villa de la cave au grenier.

Désastre effroyable ! tout, en effet, était brisé, pilé sous les talons de ses bottines ; les documents brûlés voltigeaient çà et là comme un essaim de papillons noirs.