Page:Cros - Solution générale du problème de la photographie des couleurs, 1869.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 10 —

rouge. — J’appelle cette épreuve le positif antichromatique du rouge.

Sur cette épreuve verte, on tire le positif antichromatique du jaune qui est violet, et enfin celui du bleu qui est orangé.

Il faut faire le second et le troisième tirages avec des laques transparentes qui laissent voir dessous la teinte du premier.

En pratique, il sera probablement meilleur d’obtenir des clichés avec les rayons vert, violet, orangé, et le tirage avec les encres rouge, jaune, bleue. On commencera par le tirage en bleu, car les laques transparentes bleues sont rares ; les rouges et les jaunes sont plus faciles à trouver.

L’épreuve finale, obtenue ainsi par un procédé analogue à celui de la chromo-lithographie, présente, dans ses teintes mixtes, les mêmes relations que celles du tableau réel, sauf que toutes les couleurs sont assombries par une légère proportion de leur teinte complémentaire, — ce qui fait l’effet d’une sorte de base bistre.

En effet, là où aucune des couleurs n’a agi, les trois épreuves donnent des maxima de coloration qui se superposent et produisent du noir ; là où les couleurs ont agi toutes trois en maxima, les trois épreuves laissent voir le blanc du papier. En poursuivant l’analyse, il est facile de voir que les teintes mixtes seront réalisées par ce procédé, mais comme il a été dit, avec une légère proportion de la teinte complémentaire.

Sauf les difficultés pratiques, on pourrait de même faire les trois tirages sur verre ; le résultat serait analogue aux tableaux peints sur vitraux.

§3. Voilà l’ensemble des moyens que j’ai pu découvrir par avance. Peut-être en trouvera-t-on d’autres dans le courant des luttes pratiques ; mais j’ai lieu de penser qu’ils seront dérivés de ceux-ci, qui m’ont été fournis par certaines clefs générales, dont je traiterai ultérieurement.

Une dernière remarque. Pour ceux qui n’admettent pas le principe de triplicité élémentaire de toutes les teintes, posé plus haut sans démonstration, mes solutions restent exactes. En effet, le résultat peut être toujours obtenu avec une perfection que limiterait seulement le nombre des épreuves élémentaires de teintes différentes.

Maintenant, que ceux qui s’en sentent le désir et en ont les moyens, se lancent dans les essais de réalisation pratique. Il y aura place pour leurs individualités et leurs talents dans cette œuvre dont je ne me dissimule pas les très-grandes difficultés.