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et l’esclavage des Nègres.

paraître dur, mais il était impossible de parler autrement de votre iniquité. Mes paroles ressemblent peut-être aux feuilles agitées par les vents de l’automne, qui font beaucoup de bruit et qui bientôt après voltigent dans les airs, et disparaissent pour toujours. Sans doute ce n’est pas moi qui déterminerais de quelle manière les plaintes des Nègres se feront entendre, je dois cependant dire que leurs gémissemens ont dû frapper vos oreilles, comme les flots de la mer irritée battent les rochers des côtes de l’Afrique. S’ils n’ont pas été écoutés, ils ne sont pas absolument étouffés ; ils acquerreront de nouvelles forces. Peut-être alors vous épouvanteront-ils. Rien ne pourra les arrêter ; les mers, les montagnes, les rochers, les déserts, les forêts ne les empêcheront pas de venir jusqu’à vous ; la bonhommie des Noirs deviendra une fureur indomptable qui