Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/52

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faiseur de rêves n’avait ni le compte ni le souci ! Il aurait dû pourtant connaître l’insalubrité des rivages : la traite dévorait tous les ans assez d’existences humaines, pour que le projet d’installer une colonie d’ouvriers et de paysans agriculteurs dans ces climats ne dût pas être accueillie si facilement par un homme qui connaissait les îles et savait le peu de travail qu’y fournissent les blancs.

On doit remarquer, en passant, que les vues suggérées par Modave au ministre, avec si peu de critique, sont comme le prototype des descriptions tout à fait mensongères que nous trouverons dans la correspondance de Benyowszky. L’aventurier hongrois eut peut-être connaissance des papiers de Modave, tant il semble amplifier méthodiquement ses idées et ses prévisions.

Nous retrouverons bientôt ces mines de fer ou d’or, ces innombrables troupeaux de bœufs, ces récoltes de froment et jusqu’à ces matelots madécasses, réserve future de nos équipages. Mais le Hongrois donne comme réel ce que son inspirateur ne voyait que dans l’avenir lointain et comme en un décevant mirage. Modave demandait que l’on construisît une petite église, une maison pour le gouverneur, une salle d’armes, un magasin à poudre, deux magasins pour les effets de traite, un corps de caserne, deux pavillons pour loger les officiers, un hôpital et une prison. Il prétendait avoir fait à l’île de France, avec ses ouvriers noirs, des ouvrages aussi variés, aussi importants que ceux qu’il proposait. Le personnel de la future colonie devait être considérable. Il voulait avoir 4 compagnies d’infanterie, 25 ouvriers, 8 pièces de canon, 6 mortiers : en outre, il aurait le cadre de médecins et d’infirmiers nécessaires au service de l’hôpital.

Le ministre admit seulement que les gouverneur et intendant de l’île de France fourniraient des soldats et les vivres nécessaires pour les débuts de l’établissement, qui devait ressembler à ceux qu’on avait déjà essayé d’y fonder. Modave avait pour mission