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Si l’on soustrait la plaque activée à l’influence de la substance radioactive, elle reste radioactive pendant plusieurs jours. Toutefois, cette radioactivité induite va en décroissant, d’abord très rapidement, ensuite de moins en moins vite et tend à disparaître suivant une loi asymptotique.

Pour observer le phénomène, il est nécessaire de faire agir des substances fortement radioactives. Nous avons fait nos expériences avec des substances de 5000 à 50 000 fois plus actives que l’uranium ; les activités induites observées immédiatement après l’exposition variaient alors entre 1 et 50 fois celle de l’uranium[1]. Ces activités étaient réduites au dixième de leur valeur primitive 2 à 3 heures après le moment où la substance impressionnante a cessé d’agir

Nous avons examiné ainsi l’effet des rayons de Becquerel sur diverses substances : le zinc, l’aluminium, le laiton, le plomb, le platine, le bismuth, le nickel, le papier, le carbonate de baryum, le sulfure de bismuth. Nous avons été très surpris de ne point trouver des différences d’ordre de grandeur dans les radioactivités induites dans ces différentes substances qui se comportent toutes d’une manière analogue.

Le but du présent travail a été surtout de rechercher si la radioactivité induite n’était pas due à des traces de matière radioactive qui se seraient transportées sous forme de vapeur ou de poussière sur la lame exposée. La façon analogue dont se comportent les diverses substances impressionnées semble favorable à une pareille supposition. Cependant, nous croyons pouvoir affirmer qu’il n’en est pas ainsi et qu’il existe une radioactivité induite.

La disparition graduelle et régulière de l’activité induite, quand la plaque impressionnée est au repos, semble exclure l’hypothèse des poussières non volatiles, et il est bien difficile d’admettre que les sels de baryum radifères soient volatils. En lavant à l’eau les plaques impressionnées par le chlorure de baryum radifère, on ne fait pas disparaître leur activité, quoique ce sel soit soluble.

  1. Certains échantillons de chlorure de baryum radifère ont donné lieu à des activités induites d’intensité très variable, bien que, au courant des expériences, l’activité propre de ces échantillons n’ait pas varié sensiblement. Ces irrégularités semblent être en relation avec les variations de la température ambiante et de l’état hygrométrique de l’air ; ce point n’est pas encore élucidé.