Page:Curie - Œuvres de Pierre Curie, 1908.djvu/425

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On a fait des mesures semblables sur quatre substances radifères (chlorures ou carbonates) d’activité très différente ; le rapport des activités des produits extrêmes était au moins de 300. Cependant, les résultats ont été très analogues.

On peut remarquer que, pour tous les échantillons, les rayons pénétrants déviables à l’aimant ne sont qu’une faible partie du rayonnement total ; ils n’interviennent que pour une faible part dans les mesures où l’on utilise le rayonnement intégral pour produire la conductibilité de l’air.

M. Becquerel a montré que les composés de polonium préparés par nous n’émettent que des rayons non déviables. On peut étudier la radiation émise par le polonium par la méthode électrique. Quand on fait varier la distance du polonium au condensateur on n’observe d’abord aucun courant tant que la distance est assez grande ; quand on rapproche le polonium, on observe que, pour une certaine distance, qui était de 4 cm pour l’échantillon étudié, le rayonnement se fait très brusquement sentir avec une assez grande intensité ; le courant augmente ensuite régulièrement si l’on continue à rapprocher le polonium, mais le champ magnétique ne produit aucun effet. Il semble que le rayonnement non déviable du polonium soit délimité dans l’espace et dépasse à peine dans l’air une sorte de gaine entourant la substance sur l’épaisseur de quelques centimètres.

Le polonium de M. Giesel émet des rayons déviables par le champ magnétique, quand il est récemment préparé. De tous les échantillons de polonium préparés par nous, aucun n’en émettait. Nous ne connaissons pas la raison de cette différence.

M. Debierne a trouvé que l’actinium émet des rayons déviables par le champ magnétique ; le rayonnement de l’actinium semble présenter une grande analogie avec celui du radium.

Il convient toutefois de faire des réserves générales importantes sur la signification des expériences que nous venons de décrire. Lorsque nous donnons la proportion des rayons déviés par l’aimant il s’agit seulement des radiations susceptibles d’actionner un courant dans le condensateur. En employant comme réactif des rayons de Becquerel, la fluorescence ou l’action sur les plaques photographiques, la proportion serait probablement très différente. Il y a pour le moment, dans la définition de l’intensité d’une radiation,