Page:Curie - Œuvres de Pierre Curie, 1908.djvu/509

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ne disparaît pas complètement ; il reste un rayonnement plusieurs milliers de fois plus faible que celui initial ; ce rayonnement évolue avec une lenteur extrême, il continue à se produire pendant plusieurs années. (Le rayonnement passe par un minimum, il augmente ensuite lentement pendant plusieurs mois, tout en restant toujours extrêmement faible.)

Occlusion de l’émanation du radium par les corps solides. — Tous les corps solides activés au contact de l’émanation du radium ont acquis la propriété d’émettre eux-mêmes en très petite quantité cette émanation. Ils conservent cette propriété pendant 20 minutes seulement à partir du moment où on les a retirés de l’enceinte activante. Cependant, certains corps solides : le celluloïd, le caoutchouc, la paraffine ont la propriété de s’imprégner d’émanation et d’en émettre ensuite en abondance pendant plusieurs heures et même plusieurs jours.

Activité induite des liquides. — Un liquide placé dans une enceinte activée par le radium devient radioactif. On peut ainsi activer de l’eau, des solutions salines, du pétrole, etc. Ces liquides dissolvent une certaine quantité d’émanation. Quand un liquide activé est séparé du radium et enfermé dans une ampoule scellée, il perd lentement son activité suivant la loi de destruction de l’émanation (diminution de moitié en 4 jours). Quand le liquide est placé dans un vase ouvert à l’air, il perd son activité très rapidement, et l’émanation se répand dans l’air ambiant.

Variations d’activité des solutions des sels de radium et des sels de radium solides. — Une solution de sel de radium, exposée à l’air d’une chambre dans un vase ouvert, devient à peu près inactive. Cette solution émet de l’émanation qui se répand dans la pièce et provoque la radioactivité induite des parois. La radioactivité du radium se trouve ainsi extériorisée. Si l’on enferme la solution en tube scellé, son activité augmente peu à peu et tend vers une valeur limite qui n’est guère atteinte qu’au bout d’un mois. On peut admettre que l’émanation produite par le radium s’accumule dans le tube scellé, jusqu’à ce que la vitesse de sa destruction spontanée devienne égale au débit fourni par le radium.