Page:Curie - Œuvres de Pierre Curie, 1908.djvu/539

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’on introduit 15 grammes-heure[1] d’émanations ; la mort survient au bout de 9 heures. En réalité, les émanations sont diluées dans un espace de 1,5 l, si l’on déduit le volume de l’animal et celui de la ponce potassique. La souris qui sert de témoin est retirée de l’autre flacon au bout de 24 heures sans avoir éprouvé aucun trouble.

2° Une souris est placée dans le flacon renfermant 28 grammes-heure d’émanations ; la mort survient en 6 heures 30 minutes. Elle est remplacée par une autre souris qui meurt en 8 heures ; cette survie un peu plus grande s’explique par ce fait que les émanations ont un peu diffusé hors du flacon au moment où l’on a fait la substitution de la seconde souris à la première.

3° 50 grammes-heure d’émanations sont introduits dans le flacon où a été placée une souris ; celle-ci meurt en 4 heures. La souris qui sert de témoin survit.

4° Un cobaye est placé dans le flacon avec 15 grammes-heure d’émanations ; il succombe en 9 heures. Le témoin survit après 24 heures de séjour dans l’autre flacon.

5° Un cobaye est soumis à l’action de 20 grammes-heure d’émanations. Il meurt en 7 heures.

On voit d’après ces expériences que, toutes conditions semblables, la mort des animaux survient d’autant plus rapidement que la tension des émanations dans le flacon est plus grande.

On pourrait penser que la mort est causée par l’action toxique de l’ozone ; lorsque les émanations sont conservées en vase clos en présence de l’oxygène, il se forme en effet de grandes quantités d’ozone. Dans le flacon qui sert aux expériences, le même phénomène se produit ; mais, grâce à la présence de la ponce potassique, cet ozone est ramené à l’état d’oxygène presque immédiatement. Une prise de gaz du flacon pratiquée soit au cours de l’expérience, soit à la fin, montre en effet qu’il existe des traces d’ozone perceptibles à l’odorat ; mais le dosage fait en mesurant l’alcalinité d’une solution d’iodure de potassium agitée au contact du gaz prouve que la teneur en ozone ne dépasse pas 1 pour 1000. Or,

  1. Le gramme-heure, unité d’émanation du radium, correspond à la quantité d’émanations émises pendant 1 heure par une solution de 1 g de bromure de radium.