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LES RAYONS α, β, γ DES CORPS RADIOACTIFS

montré que les rayons (Po + Be) traversant les corps hydrogénés, projettent des protons de grande vitesse qui pénètrent dans la chambre d’ionisation au travers de la face d’entrée fermée par une feuille très mince d’aluminium, et qui ionisent l’air énergiquement. Le parcours de ces protons peut atteindre 70 centimètres[1].

L’effet de projection n’est pas limité aux noyaux d’hydrogène ; mais se produit aussi pour d’autres noyaux légers : He, Az, etc. Il est confirmé par des expériences faites avec une chambre à détente qui reçoit de l’extérieur les rayons excitateurs. Si celle-ci contient une plaque de paraffine, on voit des trajectoires de protons issus de la paraffine ; d’autres protons prennent naissance dans l’air de la chambre qui contient des molécules d’eau. Si la chambre contient de l’hélium, on obtient les trajectoires de noyaux He.

La méthode de détente permet aussi de reconnaître des trajectoires d’électrons dont les énergies, évaluées d’après la déviation dans un champ magnétique, sont de quelques millions d’électronvolts.

Les auteurs ont montré que l’interprétation de leurs expériences soulève des difficultés si on considère le phénomène comme un effet Compton produit par des rayons γ sur des noyaux d’atomes. Chadwick a admis que les rayons responsables de la projection sont des neutrons, particules de masse voisine de 1, formées par une association particulièrement intime d’un proton et d’un électron. La possibilité d’existence de tels rayons avait été, à plusieurs reprises, envisagée précédemment, mais les essais de leur recherche n’avaient abouti à aucun résultat concret. Chadwick a montré que la production d’un neutron dans le bombardement de Be par les rayons α de Po pouvait avoir lieu selon la relation : Be + α = neutron + C12 et qu’en tenant compte de l’énergie de cohésion, on obtient ainsi pour le neutron de masse 1 une énergie de l’ordre de celle du proton projeté.

Les expériences de M. de Broglie et de ses collaborateurs ainsi que celles de P. Auger et de Rasetti ont apporté de nouvelles contributions à l’appui du phénomène nouveau[2].

  1. Irène Curie et F. Joliot, C. R., 194 (1932), 278.
  2. Voir l’exposé d’ensemble par Irène Curie et F. Joliot dans « Actualités, etc. ».