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PIERRE CURIE

beaux yeux bleus dont la fraîcheur et l’éclat étaient demeurés intacts dans une vieillesse avancée ; ces yeux qui avaient gardé une expression d’enfant, reflétaient à la fois la bonté et l’intelligence. Il avait en effet, des capacités intellectuelles peu ordinaires, un goût très vif pour les sciences naturelles et un tempérament de savant.

Ayant souhaité consacrer sa vie au travail scientifique, il dut renoncer à ce projet en raison de charges de famille que lui imposèrent son mariage et plus tard la naissance de deux fils. Ainsi les nécessités de la vie l’obligèrent à exercer la profession médicale ; il continua cependant quelques recherches expérimentales avec des moyens de fortune, en particulier sur l’inoculation de la tuberculose, à l’époque où la nature bactérienne de cette maladie n’était pas encore établie. Jusqu’à la fin de sa vie, il conserva le culte de la science, et sans doute aussi le regret de n’avoir pu s’y consacrer uniquement. Les préoccupations scientifiques du docteur Curie lui avaient donné l’habitude d’excursions, à la recherche de plantes et d’animaux nécessaires à ses expériences ; son amour de la nature entretenait d’ailleurs chez lui une préférence marquée pour la vie à la campagne. Sa carrière de médecin resta toujours modeste ; mais il y manifesta des qualités remarquables de dévouement et de désintéressement. Lors de la Révolution de 1848, alors qu’il était encore étudiant, le Gouvernement de la République lui décerna une médaille d’honneur : « pour son honorable et courageuse conduite » au service des blessés. Il avait été lui-même atteint, dans la journée du 24 février.