Page:Curie - Pierre Curie, 1924.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
premiers travaux scientifiques

volontiers : « Je ne déteste pas les livres ennuyeux ». C’est qu’il était séduit par la recherche de la vérité qui s’associe parfois à une rédaction dépourvue d’agrément. Il aimait aussi la peinture et la musique et allait volontiers voir des tableaux ou assister à un concert.

Quelques fragments de poésies, transcrits de sa main, sont restés dans ses papiers.

Mais toutes ces préoccupations étaient subordonnées à ce qu’il estimait être sa vraie tâche, et quand son imagination scientifique n’était pas en pleine activité, il se sentait en quelque sorte incomplet. Son inquiétude s’exprimait en paroles émouvantes, inspirées par la souffrance des périodes de dépression passagères. « Que serai-je plus tard ? » écrivait-il. « Bien rarement je suis tout à moi ; ordinairement, une portion de mon être est endormie. Mon pauvre esprit, es-tu donc si faible que tu ne puisses réagir sur mon corps ? Ô mes pensées ! vous êtes donc bien peu de chose ! C’est en mon imagination que j’aurais le plus confiance pour me tirer de l’ornière, mais j’ai bien peur qu’elle ne soit morte. »

Malgré les hésitations, les doutes et les instants perdus, le jeune homme arrivait peu à peu à trouver sa voie et à affermir sa volonté ; il s’engageait résolument dans des recherches scientifiques fructueuses, à un âge où bien des futurs savants ne sont encore que des élèves.

Son premier travail, fait en collaboration avec Desains, est relatif à la détermination des longueurs d’onde calorifiques à l’aide d’une pile thermoélectrique et d’un réseau formé de fils métalliques.