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PIERRE CURIE

Ce procédé, alors complètement nouveau, a depuis été repris fréquemment pour l’étude de cette question.

Il entreprit ensuite un travail sur les cristaux, en collaboration avec son frère, qui, après avoir passé sa licence, était préparateur de Friedel au laboratoire de minéralogie de la Sorbonne. Ce travail conduisit les deux jeunes physiciens à un grand succès : la découverte du phénomène nouveau de piézoélectricité, qui consiste en une polarisation électrique produite par la compression ou la dilatation des cristaux dépourvus de centre de symétrie. Cette découverte n’était point l’effet du hasard ; elle fut amenée par des réflexions sur la symétrie de la matière cristalline, qui ont permis aux deux frères de prévoir la possibilité de cette polarisation. La première partie du travail a été faite au laboratoire de Friedel. Avec une habileté expérimentale rare à leur âge, les jeunes physiciens ont réussi à poursuivre l’étude complète du nouveau phénomène, ont établi les conditions de symétrie nécessaires à sa production dans les cristaux, ont donné ses lois quantitatives remarquablement simples, ainsi que sa grandeur absolue pour certains cristaux. Plusieurs savants étrangers très connus (Rœntgen, Kundt, Voigt, Riecke) ont fait des recherches dans cette voie nouvelle ouverte par Jacques et Pierre Curie.

La deuxième partie du même travail, beaucoup plus difficile à réaliser au point de vue expérimental, concerne le phénomène de déformation que présentent les cristaux piézoélectriques, quand ils sont soumis à l’action d’un champ électrique. Ce phénomène, prévu par Lippmann, a été mis en évidence