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PIERRE CURIE

par Becquerel : un composé d’urane placé sur une plaque photographique entourée de papier noir produit sur celle-ci une impression analogue à celle que pourrait faire la lumière. L’impression est due aux rayons uraniques qui traversent le papier. Ces mêmes rayons peuvent, comme les rayons X, produire la décharge d’un électroscope, en rendant conducteur l’air qui l’entoure.

Henri Becquerel s’est assuré que ces propriétés ne dépendent pas d’une insolation préliminaire, et qu’elles persistent quand le composé d’urane est conservé dans l’obscurité pendant plusieurs mois. Il y avait donc lieu de se demander d’où provenait l’énergie, très minime, il est vrai, dégagée constamment par les composés d’urane sous forme de radiations.

L’étude de ce phénomène nous parut très attrayante, et cela d’autant plus que la question, entièrement nouvelle, ne comportait aucune bibliographie. Je me décidai à entreprendre un travail sur ce sujet.

Il fallait trouver une place pour installer ces expériences. Pierre Curie obtint du directeur de l’École l’autorisation d’utiliser un atelier vitré situé au rez-de-chaussée, servant de magasin et de salle de machines.

Pour étendre les résultats obtenus par Becquerel, il était nécessaire d’employer une méthode quantitative précise. Le phénomène se prêtant le mieux à la mesure était la conductibilité provoquée dans l’air par les rayons de l’uranium ; ce phénomène qui porte le nom d’ionisation se produit aussi avec les rayons