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LA DÉCOUVERTE DU RADIUM

tout le radium et une partie du polonium devaient se trouver dans les résidus de cette fabrication, résidus n’ayant alors aucune utilisation. Grâce à l’appui de l’Académie des Sciences de Vienne, nous avons pu nous procurer plusieurs tonnes de ce résidu dans des conditions avantageuses, et nous l’avons employé comme matière première. Pour subvenir aux frais du traitement, il nous a fallu d’abord prendre sur nos propres ressources ; nous eûmes ensuite quelques subventions et quelques concours extérieurs.

Une question particulièrement grave était celle du local ; nous ne savions où faire nos traitements chimiques. Il a fallu les organiser dans un hangar abandonné, séparé par une cour de l’atelier où était notre installation électrométrique. C’était une baraque en planches, au sol bitumé et au toit vitré, protégeant incomplètement contre la pluie, dépourvue de tout aménagement ; elle contenait pour tout matériel des tables de bois de sapin usées, un poêle en fonte dont le chauffage était très insuffisant et le tableau noir dont Pierre Curie aimait tant à se servir. Il ne s’y trouvait pas de hottes pour les traitements qui dégagent des gaz nuisibles ; il fallait donc exécuter ces opérations dans la cour quand le temps le permettait, sinon il fallait les faire à l’intérieur, laissant les fenêtres ouvertes.

Dans ce laboratoire de fortune, nous avons travaillé presque sans aide pendant deux ans, nous occupant en commun aussi bien du travail chimique, que de l’étude du rayonnement des produits de plus en plus actifs que nous obtenions. Ensuite, il a fallu séparer nos efforts ; Pierre Curie continua les recher-