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PIERRE CURIE

ches sur les propriétés du radium, tandis que je poursuivais les traitements chimiques en vue de la préparation de sels de radium purs. J’ai été amenée à traiter jusqu’à vingt kilogrammes de matière à la fois, ce qui avait pour effet de remplir le hangar de grands vases pleins de précipités et de liquides ; c’était un travail exténuant que de transporter les récipients, de transvaser les liquides et de remuer pendant des heures, au moyen d’une tige de fer, la matière en ébullition dans une bassine en fonte. J’extrayais du minerai le baryum radifère, et celui-ci à l’état de chlorure était soumis à une cristallisation fractionnée. Le radium s’accumulait dans les portions les moins solubles, et ce procédé devait mener à la séparation du chlorure de radium pur. Les opérations très délicates des dernières cristallisations étaient considérablement gênées, dans ce laboratoire si mal adapté, par les poussières de fer ou de charbon dont on ne pouvait se protéger suffisamment.

Les résultats obtenus après un an indiquaient clairement qu’il serait plus facile de séparer le radium que le polonium ; c’est pourquoi les efforts ont été concentrés de ce côté. Les sels de radium obtenus étaient soumis à des investigations ayant pour but l’étude de leurs effets. Des échantillons de ces sels furent prêtés par nous à plusieurs savants, en particulier à Henri Becquerel[1].

  1. Je cite, à titre d’exemple, une lettre adressée à Pierre Curie par A. Paulsen, le remerciant pour les produits radioactifs prêtés dès l’année 1899.