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LA DÉCOUVERTE DU RADIUM

jeter un coup d’œil sur notre domaine. Nos précieux produits pour lesquels nous n’avions pas d’abri étaient disposés sur les tables et sur des planches ; de tous côtés on apercevait leurs silhouettes faiblement lumineuses, et ces lueurs qui semblaient suspendues dans l’obscurité nous étaient une cause toujours nouvelle d’émotion et de ravissement.

En principe, aucun service n’était dû à Pierre Curie par les employés de l’École. Toutefois, le garçon de laboratoire qu’il avait eu à sa disposition pour les manipulations, quand il était chef de travaux, avait toujours continué à lui prêter son concours dans la mesure du temps dont il disposait. Ce brave homme, qui se nommait Petit, avait pour nous de l’affection et de la sollicitude ; bien des choses étaient rendues plus faciles grâce à sa bonne volonté et à l’intérêt qu’il prenait à notre succès.

Ainsi le travail sur la radioactivité débuta dans la solitude. Mais devant l’ampleur de la tâche, l’utilité d’une collaboration s’imposait de plus en plus. Déjà en 1898 un des chefs de travaux de l’École, G. Bémont, nous avait apporté une aide passagère. Vers 1900, Pierre Curie entra en relation avec un jeune chimiste, André Debierne, préparateur chez Friedel qui le tenait en haute estime. Sur la proposition de Pierre Curie, A. Debierne accepta volontiers de s’occuper de travaux sur la radioactivité ; il entreprit, en particulier, la recherche d’un radioélément nouveau, dont l’existence était soupçonnée dans le groupe du fer et des terres rares. Il fit la découverte de cet élément nommé actinium. Bien que travaillant au laboratoire de chimie physique de la