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que le radium D est la substance qui, se trouvant séparée avec le plomb, donne lieu à une production continue de radium E et de radium F. Ces prévisions ont été pleinement justifiées et ont permis d’interpréter l’ensemble des renseignements qu’on possédait sur le plomb radioactif. Ainsi, M. Debierne avait montré qu’en traitant le plomb radioactif on pouvait en extraire du polonium ; MM. Hofmann, Gonder et Wölfl, en plongeant des lames métalliques dans une solution de plomb radioactif, en ont extrait deux constituants radioactifs, probablement le radium E et le radium F. Les produits obtenus antérieurement par MM. Hofmann et Strauss devaient être enrichis en polonium.

Dans le spectre du radioplomb, Demarçay n’a vu aucune raie nouvelle, et il est probable que le radium D, le radium E et le radium F se trouvent présents en quantité minime. L’exactitude de la théorie de M. Rutherford a été démontrée par les expériences de MM. Meyer et von Schweidler[1] qui ont étudié comparativement le rayonnement du plomb radioactif et l’activité induite résiduelle du radium. Ils ont constaté que la matière qui émet des rayons dans le radioplomb et qui peut en être séparée, est caractérisée par la même loi de décroissance que celle observée pour le polonium ; et que c’est aussi suivant une loi caractérisée par la même constante radioactive que s’accroît le rayonnement du dépôt actif résiduel. Une vérification analogue a été faite pour la matière qui émet les rayons Pour séparer le radium E et le radium F, on plongeait des lames métalliques dans les solutions de plomb radioactif et l’on étudiait l’activité de ces lames, en rayons et en rayons en les soumettant dans certains cas à une chauffe à température élevée. La séparation par électrolyse a été également utilisée.


186. Radium D. Essai de détermination de la période et propriétés. — Le radium D ne semble pas actif par lui-même. On obtient du chlorure de plomb pratiquement inactif, suivant le procédé de M. Debierne, qui consiste à laisser cristalliser par refroidissement une solution chaude de ce chlorure ; en répétant cette opération sur les cristaux redissous, on obtient après quelques

  1. Meyer et v. Schweidler, Acad. Vienne, 1905.