Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/219

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On peut constater que pour les gaz complexes l’ionisation totale est supérieure à celle qui peut être obtenue dans l’air, et que, par conséquent, l’ionisation n’est pas proportionnelle à l’énergie absorbée. Il n’existe non plus aucune relation simple entre l’ionisation totale et la constitution du gaz. L’ionisation par molécule Ks semble liée, d’après M. Bragg, avec les constantes moléculaires ; ainsi son rapport au volume moléculaire conserve une valeur sensiblement constante.

Les ionisations par molécule sont entre elles comme les ionisations totales et comme les pouvoirs d’arrêt. Avec des ionisations totales égales et des pouvoirs d’arrêt proportionnels aux densités relatives des gaz on retrouverait la loi de proportionnalité de l’ionisation par molécule à la densité suivant M. Strutt ; les conditions indiquées n’étant pas remplies, cette loi ne peut être vérifiée exactement, et les écarts doivent être surtout importants pour les gaz complexes. Pour l’air, le gaz carbonique et l’hydrogène, les conductibilités sont entre elles, d’après M. Strutt, comme les nombres 1, 1,53 et 0,27, tandis que les pouvoirs absorbants sont entre eux comme 1, 1,43 et 0,27. Donc dans ces trois gaz la production d’un ion demande à peu près la même énergie, tandis qu’il n’en est pas de même dans les autres cas.

Des conclusions analogues ont été formulées par M. Kleemann[1] à la suite d’une étude de l’ionisation de différents gaz par les rayons et Pour les rayons l’ionisation était comparée dans les portions correspondantes du parcours ; le rapport des ionisations par molécule en deux points correspondants du parcours dans deux gaz est égal, d’après M. Bragg, au rapport des ionisations totales, multiplié par le rapport des pouvoirs d’arrêt. L’ionisation par molécule était considérée comme une propriété additive des atomes qui composent la molécule et pouvait être calculée d’après la formule


étant le pouvoir d’arrêt de la molécule ; étant les pouvoirs d’arrêt des atomes constituants ; étant les nombres de ces atomes dans la molécule ; étant les ionisations totales pour

  1. Kleemann, Le Radium, 1907.