Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/10

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cœur du drame que nous allons conter, de jeter sur Bram un blâme inconsidéré. L’homme doit être prudent toujours en jugeant son semblable.

Il faut, pour se rendre compte de ce qu’était Bram Johnson, remonter, dans sa généalogie, à trois générations avant lui. Si l’on met une pirogue sur le lac Athabasca et si, par la rivière de la Paix, naviguant vers le Nord, on atteint le grand lac de l’Esclave ; puis, descendant le courant du fleuve Mackenzie, si l’on remonte jusqu’au cercle arctique[1], on remarque plusieurs variations ethniques, et les types d’hommes, peuplant le monde où l’on pénètre subissent d’importantes modifications. L’Indien Chippewa, au mince profil et à la face étroite, aux mouvements alertes et aux pirogues fortement recourbées, fait place au Cree, dont les gestes sont fortement lents, les joues plus larges, les yeux plus obliques, et dont le canot, plus bizarre, est fabriqué d’écorces de bambou. La race même du Cree n’est pas homogène et se transforme à mesure que l’on avance vers le Nord. Chaque nouvelle tribu diffère de celle qui la précède, jusqu’à ce que le Cree en arrive à ressem-

  1. Le lac Athabasca est situé au Nord-Ouest du Canada, sous le 60° degré de latitude Nord. Il y a 300 kilomètres de l’Athabasca au lac de l’Esclave et 1 000 kilomètres environ de ce dernier au cercle arctique, par le cours du Mackenzie. (Note des Traducteurs.)