Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/119

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des loups venait s’écraser contre cette porte. Sous le poids de leurs corps, la cabane trembla et l’on entendit les mâchoires béantes se fermer en claquant, désappointées. Philip regarda Célie. Ses traits étaient livides. Elle se détourna, pour cacher son émotion, tandis qu’un petit hoquet nerveux s’échappait de ses lèvres.

Philip comprit et son imprudence et la pensée de Célie. Si les loups l’avaient dévoré, il entraînait dans sa perte le suprême espoir de la jeune femme. Doucement il ramena vers lui le doux visage, qui sembla se ranimer, et le paya d’un sourire de sa folle équipée dans les mâchoires de la mort.

« Célie, dit-il d’une voix rauque, en pressant dans ses mains, à les briser, les petites mains encore tremblantes, Célie, je suis presque heureux, savez-vous, que vous ne puissiez pas me comprendre. Car, sans doute, ririez-vous de mes paroles. Un jour ne s’est pas écoulé depuis que je vous ai connue. Et cependant je vous aime. Jamais, dans toute ma vie, je n’ai ressenti, devant aucune femme, ce que j’éprouve en face de vous. Je vous aime et vous ne devez pas le savoir. »

On entendit, au-dehors, Bram qui parlait à ses loups, en son idiome aigu d’Esquimau. Il les chassait de la porte, où ils étaient demeurés tassés, et ils grognaient, mécontents, en se rebif-