Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/169

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dans l’air. Mais, dans le silence du Barren, ce frémissement intime détonait comme un coup de revolver. Philip, cependant, continuait à ne rien voir. Il tourna lentement la tête, sans faire un mouvement.

À douze pas à peine, une forme encapuchonnée se tenait en équilibre, une apparition trapue, bien plantée sur le sol, aux yeux de feu, qui, au premier abord, ressemblait plus à un gnome fantastique qu’à un homme. Simultanément, la forme encapuchonnée levait son bras et une lueur rapide striait la grise lumière de l’aube.

Par cet instinct subconscient, qui veille sur nous et qui n’est pas le raisonnement, qu’il devance, Philip, en un mouvement automatique, aussi prompt que le déclic d’un appareil photographique ou la fusée d’une charge de poudre dans un creuset, s’accroupissait en même temps dans la neige, tandis qu’un javelot sifflait là où sa tête et ses épaules se trouvaient, un centième de seconde avant.

Si infinitésimale avait été cette parcelle de seconde que l’Esquimau crut avoir transpercé sa victime. Un cri de triomphe sortit de sa gorge, le sakotwow des Kogmollocks, le rauque « cri du sang », qui déchirait l’air et retentissait à plus d’un mille.

Mais, presque aussi vite, le cri s’éteignit. Détendant ses muscles comme un ressort. Philip