Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/196

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cours de la lutte. Un tatouage rougeâtre, sur l’un des pectoraux, attira l’attention de Philip.

Il présentait l’image grossière d’un requin, avec d’énormes mâchoires béantes, qui luttait contre le harpon dont il avait été transpercé, et tentait de s’en dégager. Au-dessous, des lettres à demi effacées formaient un nom. Philip parvint à les déchiffrer et lut : « b-l-a-k-e ». L’initiale « g » précédait ce nom.

« Blake ! répéta Philip en se relevant. George Blake sans doute. Un matelot et un blanc ! »

Blake cependant, reprenant ses sens, marmotta quelques mots incohérents, tandis que Célie, de la porte, appelait Philip. Celui-ci arriva et, en se dissimulant de son mieux, regarda. À cent cinquante yards environ, était un attelage de chiens, qui approchait.

Il y avait huit chiens, de race esquimaude, à petite tête de renard, comme on en rencontre sur la côte de l’Arctique. Ils tiraient un traîneau lourdement chargé, et derrière eux venait le conducteur, une forme encapuchonnée et fourrée, trapue, et dont la voix commandait, brève et claquante.

Sur ces entrefaites, un grognement s’éleva du plancher de la cabane. Philip se retourna et vit les yeux de Blake qui le fixaient, injectés de sang et grands ouverts. Les lèvres saignantes de l’homme se contractaient dans un hideux rictus.