Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/34

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piège, Pierre, pas un mot. Cela vaut mieux, tu comprends. Si vraiment Bram est un loup-garou et s’il tisse des cheveux d’or avec le vent…

— Je ne dirai rien, m’sieu », fit Pierre en tressaillant.

Ils échangèrent une poignée de main et se séparèrent en silence. Philip tourna son visage vers l’Ouest et bientôt, en se retournant, il ne vit plus déjà Pierre.

Une heure s’était à peine écoulée qu’une oppression s’emparait de lui, celle du sentiment qu’il s’était volontairement jeté dans un risque presque désespéré. Pour des raisons auxquelles il s’était arrêté pendant la nuit, il avait laissé à Pierre son traîneau et ses chiens, et voyageait légèrement lesté. Dans son paquetage, d’un poids total de quarante livres, confortablement fixé sur ses épaules, était pliée une tente de soie, pesant trois livres, capable de résister aux vents les plus violents. Divers ustensiles de cuisine pesaient un poids identique. Le reste de son chargement se composait de quinze livres de farine et, pour le demeurant, de rations scientifiquement comprimées, soit en poudres, soit en tablettes desséchées : quatre douzaines d’œufs en une livre de poudre d’œufs ; vingt-huit livres de pommes de terre en quatre livres de cet article séché ; quatre livres d’oignons en un quart de livre concentré ; et ainsi de suite. C’était,