Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/49

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tension de ses sens, Bram avait disparu du champ de sa vision, porté rapidement, dans la lumière des étoiles, par ses larges raquettes, qui dévoraient sous lui le terrain. En même temps, la clameur poussée par lui avait fait place à ce rire étrange et fou, décrit par Pierre Bréault dans un frisson.

Sans bouger de la place où il était, Philip appela :

« Bram ! Bram Johnson, arrête-toi ! Arrête-toi, au nom du Roi ! »

C’était la formule séculaire, les mots fatidiques qui portaient avec eux, jusqu’à travers le Northland, la majesté et la puissance de la Loi.

Bram entendit, mais ne s’arrêta pas. Il fila, au contraire, plus vite encore. De nouveau, Philip l’appela par son nom :

« Bram ! Bram Johnson ! »

Le ricanement lui revint, pour toute réponse, atroce et sourd, comme une moquerie.

Philip leva son revolver. Sans viser avec trop de précision, il tira, par deux fois, dans la direction du fugitif. Les balles passèrent si près de sa tête, que Bram put les entendre siffler.

« Bram ! Bram Johnson ! » cria Philip, une troisième fois.

Ce fut inutilement encore. Il rabaissa son bras et ses yeux se fixèrent sur la grande silhouette, qui n’était plus maintenant qu’une ombre en