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CHAPITRE VIII

LE TERME DU VOYAGE


Pendant une bonne demi-heure, Bram parut soudain comme pétrifié.

Ses yeux, cessant de fixer Philip, s’étaient détournés vers la tresse de cheveux. Ses lèvres épaisses s’étaient décollées et sa bouche demeurait béante. On eût dit qu’il avait cessé de respirer. Ses mains lâchèrent le fouet et le gourdin, qui tombèrent dans la neige.

Comme hypnotisé par le piège, il fit un pas en avant, puis deux, puis un autre encore, jusqu’à ce qu’il fût à portée de Philip. Il prit la tresse dorée, sans prononcer un seul mot. Mais la lueur mauvaise s’éteignit dans ses yeux gris. Les lignes de sa lourde face se détendirent et, tandis qu’il élevait en l’air les cheveux, pour en faire jouer l’éclat dans la lumière, quelque chose de sa bestialité s’adoucit un peu. C’était tout le sourire que pouvait mettre la nature dans le faciès de Bram.

Toujours énigmatique cependant, il continuait à se taire, tandis qu’il enroulait la tresse autour