Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/98

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pewyon, ni de l’esquimau. Ce n’était pas davantage du français ou de l’allemand, ou toute autre langue qu’il eût jamais entendue. La voix était douce et pure ; elle tremblait seulement un peu, car le débit en était précipité. Le regard terrifié, qui avait accueilli Philip et tout à l’heure s’était de nouveau montré, avait disparu. La jeune femme avait peigné et tressé ses cheveux avec soin et l’on eût dit un splendide portrait descendu de son cadre. Portrait qui ne trahissait la race d’aucune femme élevée sur la Terre du Nord.

L’homme-loup était transfiguré. Ses yeux pétillaient de plaisir. Sa figure avait pris une expression de bon gros chien caressant, ses lèvres épaisses remuaient, comme s’il eût, à part lui, répété tout ce que disait la jeune femme.

Était-il donc possible qu’il la comprît ? Son langage inconnu était-il donc connu de Bram ? Et Philip se demandait quel rôle il était, lui-même, venu jouer là. La jeune femme semblait réellement heureuse. Qu’allait-il se passer ?

Lorsqu’elle eut fini de parler, l’homme-loup mit toute sa réponse dans un cri guttural, qui était comme un pacan de triomphe. Il se laissa choir sur les genoux, devant le sac gris, et, sans cesser son mâchonnement, il commença à en vider le contenu sur le plancher.

Les yeux de Philip, par-dessus Bram, se croi-