Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/122

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Leurs angoisses cessèrent le jour même de la chute de Robespierre.

Si l’on réfléchit à cette circonstance, on aura de la peine à ne pas rejeter la supposition de quelques esprits, qui, pour raffiner sur l’histoire de la terreur, ont prétendu que Robespierre n’était tombé que parce qu’il valait mieux que ses adversaires.

Il est vrai que ses complices ne sont devenus ses ennemis que lorsqu’ils ont tremblé pour eux-mêmes : leur principal mérite est d’avoir eu peur à temps ; mais en se sauvant ils ont sauvé la France, qui serait devenue un antre de bêtes féroces, si les plans de Robespierre se fussent accomplis. La Révolution du 9 thermidor est une conspiration de caverne, une révolte de bandits : d’accord ; mais le chef de brigands est-il devenu un honnête homme pour avoir succombé sous les coups de sa troupe conjurée contre lui ? S’il suffisait du malheur pour justifier le crime, où en serait la conscience ? L’équité périrait sous une fausse générosité, sentiment dangereux, car il séduit les belles âmes et leur fait oublier qu’un homme de bien doit préférer la justice et la vérité à tout.

On a dit que Robespierre n’était pas féroce par tempérament : qu’importe ? Robespierre, c’est l’envie devenue toute-puissante. Cette envie souveraine nourrie des humiliations méritées que cet homme