Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/156

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un aspect pittoresque : tout cela manque à Ludwigslust.

Mais voulez-vous avoir une idée de la barbarie du moyen âge ! montez en voiture dans la ville capitale du grand-duché de Mecklembourg, et faites-vous mener en poste à Lubeck. S’il a plu seulement vingt-quatre heures, vous resterez à moitié chemin ; ce sont des fondrières à s’y perdre. On regrette le sable et les quartiers de roche des environs de Rostock, et l’on s’enfonce dans des ornières si creuses qu’on ne peut plus en sortir sans briser sa voiture ou sans verser. Notez que cela s’appelle la grande route de Schwerin à Lubeck et qu’elle a seize lieues, ce sont seize lieues de chemin impraticable. Pour voyager sûrement en Allemagne, il faut apprendre le français et ne pas oublier la différence qu’il y a entre une grande route et une chaussée : sortez de la chaussée, vous reculez de trois siècles.

Ce chemin m’avait pourtant été indiqué par le ministre de *** à Berlin, et même d’une façon assez plaisante : « Quelle route me conseillez-vous de prendre pour aller à Lubeck ? » lui disais-je. Je savais qu’il venait de faire ce voyage.

« Elles sont toutes mauvaises, » me répondit le diplomate, « mais je vous conseille celle de Schwerin.

— Ma voiture, » lui repartis-je, « est légère, et si