Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/100

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ses, au moins, sont à eux ; la forme immuable des édifices pieux fait partie du culte, et la superstition défend ces forteresses sacrées contre la manie des figures de mathématiques en pierres de taille, des carrés longs, des surfaces planes et des lignes droites ; enfin contre l’architecture militaire plutôt que classique qui donne à chacune des villes de ce pays l’air d’un camp destiné à durer quelques semaines pendant les grandes manœuvres.

On reconnaît également le génie d’un peuple nomade dans les chariots, les voitures, les harnais et les attelages russes. Figurez-vous des essaims, des nuées de droschki rasant la terre et roulant entre des maisons très-basses, mais au-dessus desquelles on découvre les aiguilles d’une multitude d’églises et de quelques monuments célèbres : si cet ensemble n’est pas beau, il est au moins étonnant. Ces flèches dorées ou peintes rompent les lignes monotones des toits de la ville ; elles percent les airs de dards tellement aigus qu’à peine l’œil peut-il distinguer le point où leur dorure s’éteint dans la brume d’un ciel polaire. La flèche de la citadelle, racine et berceau de Pétersbourg, et celle de l’Amirauté, revêtue de l’or des ducats de Hollande offerts au Czar Pierre par la république des Provinces-Unies, sont les plus remarquables. Ces aigrettes monumentales, imitées des parures asiatiques, dont sont ornés, dit-on, les édifices de