Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/106

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verses des peuples, je me croirais ici dans une des plaines les plus élevées et les plus stériles de la Castille. A la vérité, il y fait une chaleur d’Afrique ; depuis vingt ans, la Russie n’a pas vu un été aussi brûlant.

Malgré cette température des tropiques, je vois déjà les Russes faire leur provision de bois. Des bateaux chargés de bûches de bouleau, le seul chauffage dont on fasse usage ici, où le chêne est un arbre de luxe, obstruent les nombreux et larges canaux qui coupent en tous sens cette ville bâtie sur le modèle d’Amsterdam, car dans les principales rues de Pétersbourg coule un bras de la Néva ; cette eau disparaît l’hiver sous la neige, et l’été sous la quantité de barques qui se pressent le long des quais pour déposer à terre leurs approvisionnements.

Le bois est d’avance scié très-court ; puis, au sortir des bateaux, on le place sur des voitures assez singulières. Ces charrettes, d’une simplicité primitive, consistent en deux gaules qui font brancards et qui sont destinées à lier le train de devant avec celui de derrière : on entasse sur ces longues perches très-rapprochées l’une de l’autre, car la voie du char est étroite, un rang de bûches montées comme une muraille à la hauteur de sept ou huit pieds. Vu de côté, cet échafaudage est une maison qui marche. On lie le bois sur la charrette avec une chaîne : si la chaîne vient à se