Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

claves, mais, pour trouver autant d’esclaves courtisans, c’est en Russie qu’il faut venir. On ne sait de quoi s’émerveiller le plus, de l’inconséquence ou de l’hypocrisie qui règnent dans cet empire : Catherine II n’est pas morte, car, malgré le caractère si franc de son petit-fils, c’est toujours par la dissimulation que la Russie est gouvernée….. En ce pays, la tyrannie avouée serait un progrès.

Sur ce point, comme sur bien d’autres, les étrangers qui ont décrit la Russie sont d’accord avec les Russes pour tromper le monde. Peut-on être plus traîtreusement complaisants que la plupart de ces écrivains accourus ici de tous les coins de l’Europe pour faire de la sensibilité sur la touchante familiarité qui règne entre l’Empereur de Russie et son peuple ? Le prestige du despotisme serait-il donc si grand qu’il subjuguât même les simples curieux ? Ou ce pays n’a encore été peint que par des hommes dont la position, dont le caractère ne leur permettaient pas l’indépendance, ou les esprits les plus sincères perdent la liberté du jugement dès qu’ils entrent en Russie.

Quant à moi, je me défends de cette influence par l’aversion que j’ai pour la feinte.

Je ne hais qu’un mal, et si je le hais, c’est parce que je crois qu’il engendre et suppose tous les autres maux ; ce mal, c’est le mensonge. Aussi m’efforcé-je de le démasquer partout où je le rencontre ; c’est