Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’elle peut le paraître aux habiles, car c’est aussi celle de l’Empereur Nicolas, esprit pratique et lucide s’il en est. Je ne crois pas qu’il y ait aujourd’hui sur aucun trône un prince qui déteste autant le mensonge et qui mente aussi peu que ce prince.

Il s’est fait le champion du pouvoir monarchique en Europe, et vous savez s’il soutient ce rôle avec franchise. On ne le voit pas, comme certain gouvernement, prêcher dans chaque localité une politique différente selon des intérêts purement mercantiles ; loin de là, il favorise partout indistinctement les principes qui s’accordent avec son système : voilà comme il est royaliste absolu. Est-ce ainsi que l’Angleterre est libérale, constitutionnelle et favorable à la philanthropie ?

L’Empereur Nicolas lit tous les jours lui-même, d’un bout à l’autre, un journal français, un seul : le Journal des Débats. Il ne parcourt les autres que lorsqu’on lui indique quelque article intéressant.

Soutenir le pouvoir pour sauver l’ordre social, c’est en France le but des meilleurs esprits ; c’est aussi la pensée constate du Journal des Débats, pensée défendue avec une supériorité de raison qui explique la considération accordée à cette feuille dans notre pays comme dans le reste de l’Europe.

La France souffre du mal du siècle ; elle en est plus malade qu’aucun autre pays : ce mal, c’est la haine