Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/178

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Sur un signe de l’Impératrice, le grand-duc, madame sa fille et moi nous rentrâmes dans le cottage. J’aurais désiré trouver moins de luxe d’ameublement dans cette maison, et plus d’objets d’art. Le rez-de-chaussée ressemble à toutes les habitations des gens élégants et riches en Angleterre ; mais pas un tableau du premier ordre, pas un fragment de marbre, pas une terre cuite n’annoncent, chez les maîtres du lieu, un penchant prononcé pour les chefs-d’œuvre en peinture et en sculpture. Ce n’est pas de dessiner plus ou moins bien soi-même, c’est le goût du beau qui prouve qu’on a l’amour et le sentiment de l’art. Je regrette toujours l’absence de cette passion pour des personnes auxquelles il serait si facile de la satisfaire.

On a beau dire que des statues ou des tableaux de grand prix seraient mal placés dans un cottage ; cette maison est le lieu de prédilection de ceux qui la possèdent, et lorsqu’on s’arrange à soi-même un séjour selon sa fantaisie, si l’on aime beaucoup les arts, ce goût se trahit toujours, au risque d’une disparate de style, d’une faute d’harmonie ; d’ailleurs, quelque discordance serait bien permise dans un cottage Impérial.

Au surplus, les Empereurs de Russie ne sont pas des Empereurs romains ; ils ne se croient pas obligés d’aimer les arts par état.