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J’admirai cette nuance qui me parut d’une délicatesse exquise. Je doute qu’à cette cour aucune femme de vingt-cinq ans se distinguât par un tel trait de courage ; il n’appartient qu’à l’innocence de savoir joindre au juste sentiment de sa propre dignité, que nul être humain ne doit perdre, les égards dus aux prérogatives sociales. Cet exemple de tact ne passa point inaperçu.

« Toujours la même ! » dit en s’éloignant le grand duc héritier.

Ils ont été enfants ensemble : une différence d’âge de cinq ans ne les a pas empêchés de jouer souvent aux mêmes jeux. Une telle familiarité ne s’oublie pas, même à la cour. Je me suis fort amusé de la scène muette qu’ils ont jouée là.

Ce coup d’œil jeté sur l’intérieur de la famille Impériale m’a singulièrement intéressé. Il faut voir de près ces princes pour les apprécier : ils sont faits pour être à la tête de leur pays, car ils sont des premiers de leur nation à tous égards. La famille Impériale est ce que j’ai vu en Russie de plus digne d’exciter l’admiration et l’envie des étrangers.

Au plus haut du cottage on trouve le cabinet de travail de l’Empereur. C’est une bibliothèque assez grande et très-simplement ornée. Elle ouvre sur un balcon qui fait terrasse en face de la mer. Sans sortir de cette vigie studieuse l’Empereur peut donner lui--