Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lieue ; quiconque vient à Oranienbaum y cherche avec anxiété les vestiges de cette prison où Pierre III a signé de force son abdication volontaire qui devint l’arrêt de sa mort, car ayant une fois obtenu de lui ce sacrifice, il fallait l’empêcher de le révoquer.

Voici comment l’assassinat de ce prince à Ropscha est raconté par M. de Rulhière dans les anecdotes sur la Russie, imprimées à la suite de son Histoire de Pologne : « Les soldats étaient étonnés de ce qu’ils avaient fait : ils ne concevaient pas par quel enchantement on les avait conduits jusqu’à détrôner le petit-fils de Pierre le Grand pour donner sa couronne à une Allemande. La plupart, sans projet et sans idée, avaient été entraînés par le mouvement des autres ; et chacun, rentré dans sa bassesse, après que le plaisir de disposer d’une couronne fut évanoui, ne sentit plus que des remords. Les matelots qu’on n’avait pas intéressés dans le soulèvement, reprochaient publiquement aux gardes dans les cabarets d’avoir vendu leur Empereur pour de la bière. La pitié, qui justifie même les plus grands criminels, se faisait entendre dans tous les cours. Une nuit, une troupe de soldats attachés à l’Impératrice s’ameuta par une vaine crainte, disant « que leur mère était en danger. » Il fallut la réveiller pour qu’ils la vissent. La nuit suivante, nouvelle émeute plus dangereuse. Tant que la vie de l’Em-