Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/221

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au Dieu du monde pour tyranniser l’homme au nom du Christ ; mais ce prêtre impie éclairait encore l’esprit lors même qu’il donnait la mort au corps ; car, tout détourné de ses voies qu’il était, il faisait pourtant partie d’une Église qui possédait la vie et la lumière ; le prêtre grec ne donne ni la vie ni la mort : il est mort lui-même.

Des signes de croix, des salutations dans la rue, des génuflexions devant des chapelles, des prosternations de vieilles dévotes contre le pavé des églises, des baisements de main ; une femme, des enfants, et le mépris universel, voilà tout le fruit que le pope a recueilli de son abdication….. voilà tout ce qu’il a pu obtenir de la nation la plus superstitieuse du monde….. Quelle leçon !… quelle punition ! Voyez et admirez, c’est au milieu du triomphe de son schisme que le prêtre schismatique est frappé d’impuissance. Le prêtre, lorsqu’il veut accaparer le pouvoir temporel, périt faute de vues assez élevées pour reconnaître la voie que Dieu lui ouvre, le prêtre qui se laisse détrôner par le roi périt faute de courage pour suivre cette voie : tous les deux manquent également à leur vocation suprême.

Pierre Ier n’avait-il pas la conscience chargée d’un assez grand poids de responsabilité, lorsqu’il a pris, pour lui et ses successeurs, l’ombre d’indépendance, le reste de liberté conservés à sa malheureuse Église ?