Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/284

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— Ta… ta… ta…, drôle d’amitié que la tienne !… à d’autres ! »

Fedor se lève et veut lui mettre la main sur la bouche.

« Que me veux-tu donc, enfant ? ne dirait-on pas qu’on nous écoute ? » poursuit Basile sans changer de contenance.

Fedor interdit reste immobile ; le paysan poursuit :

« Ce n’est pas moi qui serai ta dupe ; son père Telenef ne l’était pas plus que moi quand il t’a mal traité…, tu sais bien… ; il te souvient de ce qu’il t’a fait avant ton mariage. »

Fedor veut encore l’interrompre.

« Ah ça, me laisseras-tu parler ? oui ou non !… Tu n’as pas oublié, ni moi non plus, qu’il t’a fait fouetter un jour. C’était pour te punir, non pas de je ne sais quelle faute inventée par lui, mais de ton secret amour pour sa fille ; il prit le premier prétexte venu pour cacher le fond de sa pensée. Il voulait te faire partir du pays avant que le mal fût sans remède. »

Fedor, dans la plus violente agitation, arpentait la chambre sans proférer un seul mot. Il se mordait les mains dans une rage impuissante.

« Vous me rappelez un triste jour, compère ; parlons d’autre chose.

— Je parle de ce qui me plaît, moi ; si tu ne veux