Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/297

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finir avec tous les ennemis de Dieu et des hommes, s’écrient les plus acharnés ; d’ailleurs, notre serment nous lie : faisons notre devoir ; le Père ( l’Empereur) le veut, il nous récompensera.

— Approchez donc si vous l’osez, s’écrie encore Fedor dans le délire du désespoir ; elle s’est laissé presser dans mes bras sans se défendre. Vous voyez bien qu’elle est folle !  ! Mais elle parle : écoutez. »

On approche, et l’on n’entend que ces mots :

« C’est donc moi qu’il aimait ! »

Fedor, qui seul comprend le sens de cette phrase, tombe à genoux en remerciant Dieu et en fondant en larmes.

Les bourreaux s’éloignent de Xenie avec un respect involontaire. Elle est folle ! répètent-ils tout bas.

Depuis ce jour elle n’a jamais passé une minute sans redire les mêmes paroles : « C’est donc moi qu’il aimait !… »

Plusieurs, en la voyant si calme, doutent de sa folie : on croit que l’amour de Fedor, révélé malgré lui, a réveillé dans le cœur de sa sœur la tendresse innocente et passionnée que cette malheureuse jeune fille ressentait depuis longtemps pour lui, à leur insu à tous deux, et que cet éclair d’une lumière tardive lui a brisé le cœur.

Nulle exhortation n’a pu jusqu’ici l’empêcher de