Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/334

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main il faut le payer de l’autre ; si vous commandez quelque chose à un marchand sans lui donner des arrhes, il croira que vous plaisantez et ne travaillera pas pour vous ; nul ne peut quitter la Russie s’il n’a prévenu de son projet tous ses créanciers, c’est-à dire s’il n’a fait annoncer son départ trois fois dans les gazettes, et mis une distance de huit jours entre chaque publication. Ceci est de rigueur, à moins de payer la police pour abréger les délais ; mais il faut que l’insertion ait eu lieu au moins une ou deux fois. On ne vous accorde des chevaux de poste que sur une attestation de l’autorité qui certifie que vous ne devez rien à personne.

Tant de précautions dénotent la mauvaise foi qui règne dans un pays ; et comme jusqu’à présent les Russes ont eu personnellement peu de rapport avec les étrangers, ils n’ont pu prendre leçon de ruse que d’eux-mêmes. L’expérience ne leur est venue que des relations qu’ils ont entre eux. Ces hommes ne nous permettent pas d’oublier le mot de leur souverain favori, Pierre le Grand : « Il faut trois juifs pour tromper un Russe. »

À chaque pas que vous faites ici vous reconnaissez ces politiques de Byzance dépeints par les historiens du temps des croisés et retrouvés par l’Empereur Napoléon dans l’Empereur Alexandre, dont il disait souvent : « C’est un Grec du Bas-Empire !!!… »