Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/368

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teurs et de tapissiers ne réussira jamais qu’à m’inspirer la crainte d’être sa dupe ; en mettant le pied sur ce théâtre où les fausses trappes dominent, je n’ai qu’un désir : le désir d’aller regarder derrière la coulisse, et j’éprouve la tentation de lever un coin de la toile de fond. Je viens voir un pays, je trouve une salle de spectacle.

J’avais envoyé un relais à dix lieues de Pétersbourg : quatre chevaux frais et tout garnis m’attendaient dans un village. J’ai trouvé là une espèce de venta russe, et j’y suis entré. En voyage, j’aime à ne rien perdre de mes premières impressions ; c’est pour les sentir que je parcours le monde, et pour les renouveler que je décris mes courses. Je suis donc descendu de voiture afin de voir une ferme russe. C’est la première fois que j’aperçois les paysans chez eux. Péterhoff n’était pas la Russie naturelle : la foule entassée là pour une fête changeait l’aspect ordinaire du pays, et transportait à la campagne les habitudes de la ville. C’est donc ici mon début dans les champs.

Un vaste hangar tout en bois ; murs en planches de trois côtés, planches sous les pieds, planches sur la tête ; voilà ce que je remarque d’abord ; j’entre sous cette halle énorme qui occupe la plus grande partie de l’habitation rustique, et, malgré les courants d’air, je suis saisi par l’odeur d’oignons, de