Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/69

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gnité d’un peuple, il faut l’abolir ; si c’est une réalité, elle coûte trop cher pour ne servir à rien.

Vous voulez gouverner la terre comme les anciennes sociétés : par la conquête ; vous prétendez vous emparer par les armes des pays qui sont à votre convenance, et de là opprimer le reste du monde par la terreur. L’extension de puissance que vous rêvez n’est point intelligente, elle n’est point morale ; et si Dieu vous l’accorde, ce sera pour le malheur du monde.

Je le sais trop, la terre n’est pas le lieu où la justice absolue triomphe. Néanmoins le principe reste immuable, le mal est mal en soi sans égard à ses effets : soit qu’il serve à la perte ou à l’agrandissement d’un peuple, à la fortune ou au déshonneur d’un homme, il pèse toujours du même poids dans la balance éternelle. Ni la perversité d’un individu, ni les crimes d’un gouvernement ne sont jamais entrés dans les desseins de la Providence. Mais si Dieu n’a pas voulu les actions coupables, le résultat des événements s’accorde toujours avec les vues de sa justice, car cette justice veut toutes les conséquences du crime qu’elle ne voulait pas. Dieu fait l’éducation du genre humain, et toute éducation est une suite d’épreuves.

Les conquêtes de l’Empire romain n’ont pas ébranlé la foi chrétienne ; le pouvoir oppressif de la Russie n’empêchera pas la même foi de subsister dans le