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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/265

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qui dicte aux populations jusqu’à leurs jugements sur des faits d’un intérêt national, me paraît la plus révoltante de toutes les impiétés du gouvernement arbitraire !  !…Frappez, torturez les corps, mais ne faussez pas les esprits ; laissez l’homme juger de toutes choses selon les vues de la Providence, d’après sa conscience et sa raison. On doit qualifier d’impies les peuples qui souffrent dévotement cette continuelle violation du respect dû à ce qu’il y a de plus saint aux yeux de Dieu et des hommes : à la vérité.


(Suite de la même lettre.)
Moscou, ce 6 septembre 1839.

On m’envoie une relation des manœuvres de Borodino qui n’est pas faite pour calmer ma colère.

Tout le monde a lu le récit de la bataille de la Moskova, et l’histoire l’a comptée parmi celles que nous avons gagnées, puisqu’elle fut hasardée par l’Empereur Alexandre contre l’avis de ses généraux, comme un dernier effort pour sauver sa capitale, laquelle fut prise quatre jours plus tard ; mais un incendie héroïque, combiné avec un froid mortel pour des hommes nés sous un climat plus doux ; enfin l’imprévoyance de notre chef, aveuglé cette fois par un excès de confiance en son heureuse étoile, ont