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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/32

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peintures qu’elles renferment sont toujours bysantines, c’est-à-dire sans naturel, sans vie et dès lors sans variété ; la sculpture manque partout : elle est remplacée par des dorures, des ciselures sans style : c’est riche, ce n’est pas beau ; enfin je n’y vois que des cadres où les tableaux disparaissent : c’est insipide autant que magnifique.

Tous les personnages marquants de l’histoire de Russie ont pris plaisir à enrichir ce couvent, dont le trésor regorge d’or, de diamants, de perles : l’univers a été mis à contribution pour grossir cet amas de richesses réputé une merveille, mais que je contemple avec un étonnement approchant de la stupéfaction plus que de l’admiration. Les Czars, les Impératrices, les grands seigneurs dévots, les libertins, les vrais saints eux-mêmes ont lutté de libéralité pour enrichir, chacun à sa manière, le trésor de Troïtza. Dans cette collection historique, les simples habits et les calices de bois de saint Serge brillent par leur rusticité au milieu des plus magnifiques présents, et contrastent dignement avec les pompeux ornements d’église offerts par le prince Potemkin, qui lui non plus n’a pas dédaigné Troïtza.

Le tombeau de saint Serge, dans la cathédrale de la Trinité, est d’une richesse éblouissante. Ce couvent aurait fourni un riche butin aux Français ; depuis le xive siècle, il n’a pas été pris.