Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/440

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mais qu’avant son règne, ils étaient dans le besoin. Elle pria humblement Melgunof de témoigner à Sa Majesté leur reconnaissance sans bornes.

Melgunof resta à Cholmogory six jours et il vit habituellement les princes et les princesses ; il dînait tous les jours chez eux avec le gouverneur, et quelquefois il y soupait. Après le diner il passait avec eux une bonne partie de la journée, employant le temps à jouer aux cartes, au jeu appelé tressette[1], fort ennuyeux pour lui à ce qu’il dit, mais pour eux très-amusant.

Pendant cet espace de temps, il tâcha, d’après les ordres qu’on lui avait donnés, de s’assurer de l’état de la santé des prisonniers, de leurs caractères et de leurs facultés intellectuelles.

Voici comment Melgunof dépeint les membres de la famille de Brunswick :

« La sœur aînée, Catherine, a trente-six ans ; elle est d’une taille mince et petite ; elle a le teint blanc et ressemble à son père. Dans son enfance, elle a perdu l’ouïe et elle a la parole tellement embarrassée, qu’il n’est pas possible de comprendre ce qu’elle dit. Ses frères et sa sœur correspondent avec elle par signes. Malgré cela, elle a tant d’intelligence que lorsque ses frères et sa sœur, sans faire aucun geste, lui disent quelque chose, elle les comprend par le seul mouvement de leurs lèvres. Elle leur répond quelquefois tout bas, quelquefois tout haut, tellement que celui qui n’est pas accoutumé à un tel langage, n’y peut rien comprendre. On voit, par sa conduite, qu’elle est timide, polie et modeste, d’un caractère doux et gai :

  1. C’est une espèce de Pharaon actuellement oublié.