Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui promet de la capacité ; mais il était atrabilaire. Darcet était bon, simple et gai. Je demandai à Roux son amitié ; mais je donnai la mienne à Darcet, et dès lors nous fûmes inséparables.

Le hasard voulut que les premiers travaux communs des deux nouveaux amis fussent fort étrangers à cette chimie qui les avait liés, et, au lieu d'un laboratoire, ce fut dans les camps que Darcet eut d'abord à suivre son protecteur.

Il fit avec lui la campagne de 1756, et assista à la bataille d'Hastembeck. Il la vit de près ; car, un boulet à ricochet l'ayant couvert de terre, son cheval effrayé l'emporta au milieu de la mêlée. Des officiers de sa connaissance voulaient le faire retirer : Non, dit-il en riant ; je ne serais peut-être pas venu ; mais, puisque j'y suis, je suis bien aise d'observer par moi-même les gens qui font, pour vivre, le métier de se tuer.

Pendant la campagne de 57, M. de Lauraguais et M. Darcet profitèrent de l'occupation du pays d'Hanovre pour visiter les mines du Hertz. Ils y passèrent, et diverses reprises, plusieurs jours sous terre, ayant seulement soin, dit toujours le premier dans ses notes, de s'informer de temps en temps de ce qui arrivait dessus. Ils apprirent trop tôt que le prince de Soubise venait d'y être battu à Rosbach, et ils se hâtèrent de rejoindre l'armée, où ils se trouvèrent à la défaite de Crevelt. Le régiment de M. Luuraguais ayant été détruit, il aima mieux venir faire de la chimie que d'en lever un autre, et il ramena Darcet à Paris.

Rien ne fut épargné dès lors pour leurs expériences