Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/181

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même de dangereux : car, je ne dois pas vous le dissimuler, il y en a de toutes ces sortes parmi celles de Priestley.

En effet, son histoire va vous montrer, en quelque façon, deux hommes différents, je dirais presque opposés.

L'un, physicien circonspect, n'examine que les objets qui sont du domaine de l'expérience ; ne porte dans ses procédés qu'une logique timide et rigoureuse ; ne se permet ni systèmes, ni préventions ; ne cherche que la vérité, quelle qu'elle puisse être, et presque toujours il la découvre et l'établit de la manière la plus solide et la plus brillante. L'autre, théologien téméraire, aborde avec audace les questions les plus mystérieuses, méprise la croyance des siècles, rejette les autorités les plus révérées, arrive dans la lice avec des opinions conçues d'avance, cherche à les faire valoir plus qu'à les examiner, et se jette, pour les soutenir, dans les hypothèses les plus contradictoires.

Le premier livre tranquillement ses découvertes à l'examen des savants : elles s'établissent sans difficulté ; elles lui procurent une gloire sans contradicteurs. Le second s'environne d'un appareil guerrier ; il se hérisse d'érudition, de métaphysique : il attaque toutes les sectes, il ébranle tous les dogmes, il révolte toutes les consciences par l'ardeur qu'il semble mettre à les subjuguer.

C'est contre l'homme du ciel, c'est contre le ministre de paix, que l'on prend les armes terrestres ; c'est lui qu'on accuse d'exciter la haine, d'appeler la ven -