Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/182

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geance, de troubler la société. Le physicien profane est respecté de tout le monde : chacun avoue qu'il ne prétend défendre la vérité que par la raison, qu'il n'emploie ses découvertes qu'au bien des hommes, qu'il ne met dans ses écrits que de la douceur et de la modestie.

Obligé, comme je le suis, de vous faire connaître Priestley tout entier, il faut bien que je vous le retrace dans ses deux caractères ; il faut bien que je vous parle aussi du théologien, du métaphysicien et du politique : je ne me méprendrai point cependant sur ce que mes fonctions réclament plus particulièrement ; et je n'oublierai point que c'est le physicien qui était associé de l'Institut national, et que vous devez surtout attendre ici l'exposé de ses découvertes.

Il est probable d'ailleurs que c'est aussi ce qui intéressera le plus en lui l'Europe et la postérité. Il a dit quelque part que, pour une réputation durable, travaux scientifiques sont autant au-dessus de tous les autres, que les lois de la nature sont au-dessus de l'organisation des sociétés, et qu'aucun des hommes d'État qui se sont partagé le pouvoir dans la Grande-Bretagne n'approche de la célébrité des Bacon, des Newton et des Boyle : maxime exagérée peut-être, et qu'il eût été cependant bien heureux d'avoir toujours présente à l'esprit ; mais il n'est pas le premier homme célèbre dont le jugement n'ait pu maîtriser le caractère.

Il est pourtant essentiel de dire ici que ses opinions divergentes n'influèrent point sur sa conduite, et que si l'on en excèpte les malheurs qui accablèrent sa vieil -