Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/192

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jourd'hui l'âme de tous ses successeurs ! Ses livres nous font apprécier les forces de la nature ; mais ce n'est qu'en le voyant ainsi en action que nous connaîtrions véritablement le plus beau des ouvrages de la nature, le génie d'un grand homme.

Il ne faut pas croire cependant que les découvertes de Priestley aient toutes été senties par lui, ni qu'il eût pu les exposer dans son livre aussi clairement que nous les y distinguons et que nous les exposerions aujourd'hui. Il ne connaissait, lorsqu'il les fit, d'autre théorie chimique que celle de Stahl, qui, formée d'après des expériences où les airs n'entraient pour rien, ne pouvait en embrasser, encore moins en prévoir tous les phénomènes. De là une sorte d'hésitation dans ses principes, une sorte d'embarras et d'incertitude dans ses résultats. Cherchant partout le phlogistique, il est obligé de le supposer tout autrement constitué, dans cet air fixe si lourd, si acide ; dans cet air inflammable si léger ; dans cet air phlogistiqué qui n'a aucune qualité des deux autres. Il y a des cas où une accumulation de phlogistique diminue le poids de la combinaison ; il communique donc alors une légèreté absolue aux mélanges où il entre : dans d'autres cas il produit un effet contraire. Rien ne semble uniforme, et l'on ne trouve aucune conclusion générale et précise.

Il a fallu que la chimie moderne vint tirer cette conclusion, et elle n'a eu besoin pour cela que d'une ou deux formules. Il n'y a point de phlogistique ; l'air pur est une substance simple ; l'air phlogistiqué, l'air in -