Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/194

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Mais c'est un père qui ne voulut jamais reconnaître sa fille.

Sa persévérance à combattre pour ses premières idées fut inouïe. Il voyait sans s'émouvoir leurs plus habiles défenseurs passer successivement dans le parti ennemi, et lorsque M. Kirwan eut, presque le dernier de tous, abjuré le phlogistique, Priestley, resté seul sur le champ de bataille, porta encore un nouveau défi dans un mémoire adressé aux principaux chimistes français.

Par un hasard heureux, le défi fut relevé à l'instant et sur le lieu même. M. Adet, alors ambassadeur de France aux États-Unis, se trouva aussi un digne représentant de la chimie française, et répondit aux nouveaux arguments élevés contre elle. Ils venaient presque tous de ce que Priestley, si ingénieux, si adroit dans les procédés de cette chimie transcendante dont il était le créateur, avait peu d'exercice dans ceux de la chimie ordinaire. Il tirait, par exemple, de l'air fixe de substances où il ne soupçonnait pas qu'il fût entré, et niait d'après cela qu'il dût toujours son origine au charbon. Lorsqu'il voulait former de l'eau avec de l'oxygène et de l'hydrogène, il trouvait toujours un peu d'acide nitrique, et ne voulait pas tenir compte de la- portion d'azote qui le produisait[1].

Ses nouveaux écrits ne ramenèrent donc à son opinion aucun de ceux qui l'avaient abandonnée. Il éprouva, comme tant d'autres hommes qui ont tâché

  1. Réflexion sur la doctrine du phlogistique et de la décomposition de l'eau; traduit de l'anglais, et suivi d'une réponse par M. Adet ; 1798, in-8º.